On pourrait dire « film très sympathique ». Mais Yolande pose encore ses thèmes eXistentiels où affleure derrière la drôlerie un sacré fond d’angoisse, de désir, devant l’inconnu. Il y a une dimension « grotesque » dont elle a le secret depuis son interprétation dans « Les Deschiens » ou bien « Quand la mer Monte » son premier film réalisé avec Gilles Porte il y a 20 ans. Un sens de l’absurde et de la répartie de dialogue ou de situation. N’importe quel Maître zen pourrait en prendre la leçon – digne des grands grotesques tel que Kafka ou Beckett. On ne cesse d’y interroger l’impossibilité de savoir qui on est à tous les niveaux dans une certaine peine à exister devant le néant qui fracasse. Bref du bon tragicomique. La thématique du couple à ce niveau de désenchantement ne peut que tendre vers l’autodérision dont les belges ont un art consommé tandis les franchouillards se prennent au sérieux. La fracture sentimentale et la question de la solitude se subsument dans l’agencement collectif et réjouissant des singularités des personnages. Ce qui n’empêche de finir sur le même bateau, larguant de façon définitive les amarres, quittant le château des orgines intenables pour une famille recomposée en patchwork impossible. Émouvant est un faible mot. Impactant plutôt ! Revisiter nos stéréotypes jusqu’à la grimace tendre fait du bien. Et même à l’occasion revisiter Ensor.
*Pour ceusses que ca intéresserait voir l’excellent article sur le genre grotesque en littérature de L’encyclopédie Universalis dont voici déjà le début (https://www.universalis.fr/encyclopedie/grotesque-litterature/)