Assises de la solidarité
Faciliter l’accès solidaire à la salle de cinéma
Dans le cadre des « Assises de la solidarité » sous l’égide du CCAS de la Ville de Nantes et d’Abassia Hakem, un atelier a été proposé mis en place et animé par La Sagesse de L’image mercredi 25 mai 2022 à l’espace Agnès Varda, 16 rue Pierre landais.
Comment faciliter l’accès solidaire à la salle de cinéma pour celles et ceux d’entre nous qui n’y vont pas, par manque d’argent, par isolement…
Pour répondre à la question, La sagesse de L’image a réuni les personnes en situation de précarité économique, des représentants les structures d’accueil et des salles de cinéma etc.. Dans notre cercle, la parole s’est distribuée à parité entre les usagers du restaurant social et les représentants de ces structures.
Nos questions à partager
Quels films ? Une programmation exigeante et populaire ? nos expériences à ce sujet.
Comment ? Quels dispositifs d’accès à la salle, ceux qui existent déjà, les bons plans, ceux que nous pourrions imaginer ? Pour qui ? Comment atteindre les personnes qui ne viennent pas ? Croisement des publics ou spécifiques ? : Jeunes, adolescents, personnes à mobilité réduites, personnes fragiles, âgées, femmes, etc.. Quelles activités ? dans leur croisement avec les cinéma rapprocher les personnes de la salle ? Nourriture alimentaire et nourritures culturelles ; Ateliers de réalisation cinéma, croisement de disciplines musique et cinéma, ciné-concert etc.
Représentant les salles et structures de cinéma :
Simon HINDIE, Le cinématographe ; Hélène LOISELEUX du Festival des 3 Continents, Annick MATHE du Bonne Garde.
Représentant les structures et association d’accueil des personnes :
Munoz Coralie, de l’Espace Agnès Varda, Michèle SALIVET Julien, RECORD Alain ARNAUD, Marguerite PRIOLEAU de la Sagesse de l’Image ; Annick MATHE de La Fraternité Ecoute de la Rue ; Alexis THEBAUDEAU Accès au Cinéma Invisible + autres ; Tonja Milaret La Plume ETR, Ateliers d’écriture; Marie SCUDELLER Cinétik et Emmanuelle VINCE Cinétik Amicale laïque des Marsauderies.
Les usagers de l’espace Agnès Varda et de la Sagesse de L’image :
TUUM-TUM, Ralib BENOMASI; Claudie FAUCHER, Vincent PICARD, Yannick ETIENNE, Armelle RICHARD, , Alain DENIAU, Marguerite PRIOLEAU.
Représentant la Ville de Nantes :
CHEVILLON Emmanuelle CCAS Prévention et Solidarités et Assises de la solidarité.
Non disponibles mais intéressés:
Sylvain CLOCHARD, Le Concorde ; Marc MAESEN Le Katorza ; Sonia NAVARRO Stétérolux.
SUITE AUX ÉCHANGES VOICI NOS RÉPONSES A LA QUESTION POSÉE :
CONSTAT DE DÉPART : Il y a une désaffection des salles de cinéma d’au moins 30% encore aujourd’hui ; et dans la même proportion une baisse de fréquentation dans les structures d’accueil des personnes. Les habitudes suite au Covid n’ont pas été reprises. Nous faisons le constat que les personnes en précarité semblent plus frileuses à revenir en salle de cinéma que le reste du public.
1- Il y a une nécessité d’information, de rencontre, de contact, du partenariat. Entre les structures, les salles, et les usagers.
2– Nécessité d’autre part d’une meilleure communication aux personnes intéressées pour faire connaitre les différents dispositifs par exemple :
a. Il est nécessaire d’informer à proximité de la date d’une sortie en salle de cinéma. D’un côté Yannick, usager restaurant social, indique qu’il y a du réseau solidaire et un effet bouche à oreille. De l’autre un animateur cinéma du restaurant indique qu’il y a lieu de rappeler régulièrement aux usagers et d’avoir un accompagnement serré. Enfin il y a eu l’initiative d’un usager disparu il a peu de faire une chronique des bons plans sur une « news » du restaurant. On pourrait voir si ces trois paramètres ne pourraient être reliés entre eux. Voir comment des personnes intéressées par le cinéma pourraient animer une communication au-delà du groupe programmation existant ou en relation.
b. Idée d’un accompagnement numérique vers les bons plans. On constate que des sites existent qui ne sont pas utilisés (fracture numérique).
c. L’idée d’un site spécifique de l’accès à la salle (et à la culture cinématographique qui rassemblerait les programmes.
d. Réseaux sociaux : création d’une « news » voire d’un groupe Facebook. En cherchant à articuler le contact numérique avec le contact présentiel.
e- Quand ce n’est pas le cas, il serait préférable que la programmation des sorties au cinéma plus en amont par les structures accompagnantes soient faites .
3- Recréer un lien de confiance pour amener le public à revenir dans la salle de Cinéma. Une idée émergé dans nos échanges « d’une maraude culturelle » si on considère que la culture ou bien la distraction sont des besoins essentiels. On ne s’est pas trop arrêtés sur les moyens de cette maraude mais on a parlé à un moment de bus ; il y a aussi maintenant de petits dispositifs de vélo cargos.
4- Mieux croiser l’offre de cinéma et la demande : Cela intéresserait peut-être un.e volontaire de service civique d’ assurer à partir d’une veille, ce croisement entre l’offre de cinéma des salles et la demande par les structures d’accueil. Rattaché.e par exemple à la Sagesse de L’image.
5- Une progressivité serait à établir dans l’implication des personnes vers la salle de cinéma (Festival des 3 Continents). Sur une programmation assez « facile » au départ puis plus sophistiquée. Par exemple avec une projection sur place dans l’établissement.
6- Améliorer l’information des différentes structures entre elles.
Freins : on sait que pris dans nos activités respectives la disponibilité est difficile. Et il faut en tirer un gain. Mais de fait il manque une fonction de veille. Par exemple pour identifier les événements intéressants : exemple du ciné-concert Chaplin par l’Onpl du soir de notre atelier dont on a raté l’occasion parce que pas vu l’info en amont et parce que pas de tarif spécifique sur les publics concernés.
7- La mise en relation des partenaires entre eux et leur partenariat au bénéfice de leur publics : La Sagesse de l’image et L’amicale Laïque conviennent que leurs informations s’échangent sur les ciné-débats mais aussi les sorties de groupe vers la salle de cinéma de telles manière que leur publics puissent participer à leurs offres respectives.
8- Trouver un dispositif de réduction plus adapté aux personnes très en précarité. carte blanche n’est pas toujours adapté aux familles nombreuses, ou bien aux personnes en situation précaire à revenu très faible. Il y aurait peut-être un dispositif supplémentaire sur justificatif à établir pour les personnes plus en précarité. Pour qui même 5,5 euros pour entrer dans la salle est rédhibitoire.
9- Le dispositif des billets « en attente » pour une entrée individuelle gratuite à disposition aux caisses n’est peut-être pas suffisamment connu. Le Cinématographe suggérait que se les faire délivrer par deux pourrait donner la possibilité aux personnes d’être accompagnées – pour faciliter l’accès parent / enfant ou avec ami.
10- Nous avons noté que le tarif est un frein puissant mais pas le seul. La gratuité n’est pas la seule motivation : le lien, le contact, la chaleur de l’échange sont des données aussi essentielles (comme au restaurant social la nourriture est porteuse de lien).
11- Quelle programmation ? On a l’idée de satisfaire le plus grand nombre. La violence au cinéma ou bien la présentation du « négatif » du sombre sont plus ou moins accepté. Certains animateurs ou programmateurs évitent les films miroir où les personnes en précarité peuvent reconnaitre une condition qu’ils souhaiteraient alléger. Ou bien un débat derrière le film doit pouvoir être engagé. Il y a lieu d’établir des équilibres entre les films mais selon quels les critères ? Entre le « léger » et le « lourd » par exemple sachant que c’est parfois relatif.
12- Les usagers indiquent de leur côté clairement un souhait de programmation populaire, de distraction, d’évasion, de délassement. Tandis qu’à l’inverse les accompagnateurs indiquent que le cinéma ça peut déranger (sortir de sa zone de confort). Chacun a sa méthode pour croiser deux axes. Faire une sortie collective ouverte à tous demande de trouver du consensus. Sur la programmation certains programmateurs de film ont affirmé que le cinéma populaire n’était pas opposé à la qualité.
13- il serait nécessaire de revoir l’acheminement de personnes depuis des structures d’accueil jusqu’à la Salle pour celles qui en ont des difficultés (une usagère avec des béquilles par exemple sur la sortie au cinéma En Corps, n’y a pas accédé) ; sous la forme de covoiturage bénévole ou de transport plus organisé par les structures d’accueil.)
AU FINAL DE NOTRE RENCONTRE :
Il y a nécessité d’ établir un cahier des charges ou une liste de ce qu’il y a à faire connaitre (en matière de dispositifs) comme par exemple :
– Le Cinématographe Les séances « Ciné-Vendredi » du vendredi après-midi une fois par mois. Participation à 1 euros. Sur un programme préfixé.
– La sagesse de l’image : carte de réduction solidaire individuelle pour les personnes à revenu modeste en partenariat le Concorde, Le Katorza ; les sorties cinéma de l’après-midi partant de l’espace Agnès Varda sur la salle et celles du soir. Le tarif solidaire y est de 2 euros.
– les Billets en attente des salles de cinéma qui sont en général partenaires de ce dispositifs
ETC.La liste est ouverte et à compléter par les partenaires par la suite et nous en créerons le support commun.
IMPORTANCE DE LA SALLE DE CINEMA :
Lieu de partage de contact, de lien. D’autre part nous avons réaffirmé la salle de cinéma comme un lieu irremplaçable du cinéma en tant qu’art, culture et distraction. Ce n’est pas le seul lieu comme l’a souligné un usager d’Agnès Varda. Et tous et toutes ont aussi fait leur culture cinéma sur d’autres écrans.
En revanche les conditions de la salle font du cinéma un spectacle vivant. La puissance et qualité de perception des images visuelles-sonores, le rassemblement dans la salle noire sont uniques. De plus les salles font œuvre culturelle de projections en présence des réalisateurs/trices, des acteurs, ou de spécialistes conférenciers, Instaurant un espace de dialogue et de débat selon leurs modalités.
Il est nécessaire de renforcer l’accès à la salle pour toutes et tous, de créer des conditions plus égalitaires ; constatant que les personnes en précarité semblent être plus frileuses à revenir en salle de cinéma que le reste du public.