Les 8 niveaux de lecture du film

Notre cercle est simple, il repart des personnes, de leurs sensations, leurs émotions, leurs pensées, sans prérequis. Il n’est donc pas indispensable de lire le tableau ci-dessous pour participer à nos débats.

Par où commencer ? par le film ou bien par ce qu’il nous procure ? Cette table a pour objectif de s’orienter dans le jeu du film pour prolonger et comprendre la résonance qu’il produit en nous.

L’impression de réalité, la situation dramatique, la sensation ou la signification que les spectateurs éprouvent, sont le résultat d’une construction selon deux pôles qui se renvoient l’un à l’autre, celui du sujet spectateur et celui du film

Sans ses spectateurs, l’art cinématographique n’existe pas. Le but pour nous est de rendre justice à la perception puis à l’interprétation; au fait de donner du sens ; grâce à nos échanges, d’épaissir la proposition objective du film, la faire rentrer en résonance avec ce que nous sommes.

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8 niveaux    Image matériellePerception du spectateur
1-Enonciation
(contexte)
Position de la réalisation
, quel est le discours ?
Acceptation ou
contestation
2- Signification
(métaphore)
Poétique
(quel sens)
Donner du sens
3- Récit
(narration)
Les étapes
(où et quand ?)
Attente,
suspens, curiosité
4- Intrigue
(Dramaturgie)
Relations entre les personnagesProjection identification
5- Registre
(traitement)
le traitement
: le ton du film ou de la séquence
Émotions
6- Style
(rhétorique)
Mise en scène, démonstration audio-visuelleDéduction, pensées, construction des liens
7- Plasticité
(composition)
Équilibre,
harmonie ou disharmonie
Sensations visuelles
et auditives
8- Technique (appareil de base)Procédés,
avec quels moyens ? (Exemple : gros plan)
illusionnisme


1- Énonciation (contexte)

– Position du réalisateur 
  question : D’où parle-t-il ? Quel discours ? Quel contexte, quelle société, quelle époque, quelle culture ? Quelles valeurs ?

Position du spectateur : Acceptation, Contestation, Malaise

Pistes de lecture : Identité culturelle; Position de classe ; Domination, désir rapport à l’autre : (hommes-femmes, minorités) ; Valeurs.


2- Signification (métaphores) 


– Poétique du film.
   question : Quelles significations sont construites ?

Position du spectateur : Donner du sens aux significations construites dans le film.
Suggestion, évocation, l’implicite. Spécificité.

Pistes de lectures : Danger de recourir à des symboles universels.



3 – Récit (Narration)


– Les étapes.
  question :  Où et quand ?

Attente. Suspens. Curiosité. Déduction.
Schéma actanciel. Étapes cruciales. Décors. Personnages. Actions.


4 – Intrigue (Dramaturgie)


– Relations des personnages
  question :  Quels problèmes, quelles solutions ?

Identification aux personnages.
Attirance ou répulsion. Ambivalence.
Caractérisation du personnage avec les autres. Personnages Principaux et secondaires. Nœuds et dénouement. Paires trio. Schéma actanciel.


5 – Registres (Traitement)


– Le traitement, la tonalité. Comédie, drame, satire…
  question : Qu’est-ce cela provoque ?

Émotions. Projection dans les situations
La musique est un bon repère. Pluralité et simultanéité des registres.

Recours aux registres littéraires.


6 – Style (Rhétorique audiovisuelle)


– Mise en scène.
  question : Comment on démontre avec les images sonores et visuelles

Construction de liens. Déductions logiques. Pensée. Cognition.
Ce que l’image apprend : symétries oppositions, parallèles
sonores et visuels.

Attention danger : le recours aux tropes littéraires.



7 – Plasticité (Composition)


– Équilibre : Harmonie, Disharmonie.
  question : Comment c’est composé ?

Sensations visuelles et auditives.
Beauté ; chocs.
Euphorie/dysphorie.
La composition à l’intérieur du cadre.
Équilibre des formes, de la lumière, des mouvements, du son.

8 – Technique (appareil de base)

– Procédés (exemples le gros plan, le champ-contre champ, la plongée contre plongée, le travelling.etc..)
  question : Avec quels moyens ?

Illusionnisme. La technique incarne le propos en se masquant.
Position de caméra, axes, mouvements, valeurs de plan. Raccords de plan. Sources sonores. Éclairage, flous ou netteté etc.

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Cette table a pour objectif de s’orienter dans la complexité en jeu dans le film. Elle montre que l’impression de réalité, la situation dramatique, la sensation plastique ou la signification que le spectateur éprouve, sont le résultat d’une construction. Aussi bien celle du sujet que du film.

Chacun des niveaux correspond à une qualité de réception du film. Il y a une double solidarité. Chaque unité, ou point de l’image renvoie à l’ensemble du film. Et chaque niveaux joue simultanément. Il s’agit d’un discours, d’un système unitaire. Formaliser ce système d’ensemble et prendre en compte les différents niveaux d’analyse sont des travaux complémentaires.

Sur le plan de la construction du film, le découpage en niveaux d’analyse sert à étayer la compréhension du système esthétique du film. De même que sur le versant de sa lecture, il sert à identifier la sensibilité des spectateurs – ce qui offre aussi un indice de sa position de sujet.

Enfin la plupart des niveaux peut être mis en correspondance avec l’une des approches théoriques du cinéma (Énonciation, psychanalyse, anthropologie, gender and cultural studies, sémiologie, narratologie, esthétique, sémiotique).

Extraits de l’article de Alain Arnaud  « L’éducation à l’image l’autre versant du signifiant »

Paru dans la Revue du Circav N°18, université Lille3

Editions L’Harmattan, février 2007.

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Droits de copie réservés Editions L’Harmattan, février 2007. 

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